DESCRIPTIF DE LA MALADIE
Signes cliniques
Il s'agit de la première cause de réforme chez les chèvres, à cause de la chute de production et les difficultés de déplacement entraînant des difficultés pour se nourrir ; cette maladie virale se caractérise par
- Des arthrites chroniques et permanentes (en particulier chez les animaux adultes) : toutes les articulations peuvent être atteintes, engendrant de simples boiteries à l'immobilisation de l'animal en position couchée. La taille du "gros genou" est un index clinique permettant de mettre en évidence ce phénomène.
- Des mammites (qui n'entraînent pas de modification apparente de l'aspect du lait, contrairement aux mammites bactériennes) : on distinguera la mammite aiguë ("pis de bois", surtout chez les primipares au moment de la mise-bas) et la mammite chronique (induration atteignant une partie de la demi-mamelle).
- D'autres symptômes, plus rares :
- Pneumonie chronique chez les adultes
- Paralysie ascendante chez les jeunes, plus fréquent à partir de 3 - 4 mois et qui peut être confondue avec des arthrites classiques.
En France, on estime que 95% des troupeaux sont infectés avec des taux d’infection intra-troupeau de l’ordre de 50% des animaux. Néanmoins, en général, les signes cliniques sont peu fréquents et peu d’animaux infectés développent les symptômes (il s’agit d’une forme latente ne s'exprimant qu'en conditions de stress).
Il n'existe ni traitement ni vaccin contre le CAEV d’où l’importance de la mise en place de mesures préventives sanitaires, concernant principalement la prévention de la contamination des mères aux chevreaux-chevrettes.
Contamination et virulence
Chez les jeunes, la contamination s'effectue par voie orale (ingestion de colostrum ou lait infecté), par voie respiratoire ou par le sang (cas particulier de transmission intra-utérine dans le cas de maladies provoquant une altération de l'intégrité de la barrière placentaire, comme les maladies abortives). La contamination s'effectue ainsi principalement à la mise bas, par léchage de la mère, lors de la première tétée, et à tout moment par contact direct avec d'autres animaux contaminés ou par l'intermédiaire d'un matériel d'injection collectif.
Les animaux infectés le restent toute leur vie.
Chez les adultes, la transmission s'effectue lors de la traite et est aggravée par le phénomène d'impact (entrées d'air dans les manchons, ce qui provoque une remontée à très grande vitesse dans les mamelles de gouttelettes de lait étant restées dans les manchons ou la griffe ou lors de dysfonctionnement de la machine à traire (facteur déclenchant).
Le sperme n'est a priori pas contaminant.
QUALIFICATION "OFFICIELLEMENT INDEMNE DE CAEV"
Il existait précédemment une qualification "officiellement indemne de CAEV" qui était obtenue en l'absence de cas cliniques de CAEV depuis au moins 3 ans, et à l'issue de 2 contrôles sérologiques entièrement négatifs sur tous les animaux âgés de plus de 12 mois, ces 2 contrôles étant espacés de 6 à 12 mois.
Cette qualification était attribuée et contrôlée par la DDCSPP.
Depuis 2013, le CAEV étant passé dans la liste des dangers de catégorie 2, sa qualification ne peut plus être attribuée par l’Etat qui s’est désengagé.
Une reprise de cette qualification est à l’étude par les GDS.
LA PREVENTION DU CAEV
Chez les jeunes
La séparation de la mère doit être immédiate à la mise bas. Ne pas faire lécher. Ne pas laisser téter. Favoriser par contre le bouchonnage et séchage, la désinfection du cordon, etc.
La transmission au chevreau s'effectuant principalement par le colostrum et le lait, ces derniers doivent être thermisés (= chauffés à 56° C pendant une heure) et manipulés avec une hygiène stricte pour éviter ce problème (sauf si le lait en poudre est donné directement après la prise colostrale).
Le traitement thermique est de 56°C (plus ou moins 2°C) pendant une heure, avec agitateur et thermostat (ou un thermiseur correctement réglé). Il permet d'inactiver le virus en préservant les capacités immunitaires du colostrum.
De même, il faut éviter les traumatismes des membres chez les jeunes (attraper les animaux par les pattes, pendre les chevreaux à la naissance par les pattes arrières, ...).
Les autres alternatives sont la distribution de colostrum bovin après vérification de sa qualité et la distribution de colostro-remplaceurs du commerce.
Chez les adultes
Pour les élevages en processus d'éradication ou qualifiés indemne, la réglementation précise que seuls des animaux provenant d'élevage qualifiés indemnes peuvent être introduits dans ces élevages.
Pour les autres élevages, il convient de faire attention de manière générale aux symptômes cliniques lors de toute introduction.
La séroconversion d'une chèvre adulte pouvant être due à une nouvelle contamination ou un stress (révélant une ancienne contamination), des mesures d'hygiène sont à respecter au niveau du matériel sanitaire (seringues, ...), mais aussi de l'organisation du chantier de traite (faire passer les jeunes a priori non contaminés avant les autres, éviter les entrées d'air dans les manchons en cours de traite, etc).
Certaines précautions permettent de limiter l'infection des nouveaux animaux et l'apparition des signes cliniques chez les animaux infectés :
- Bon entretien de la machine à traire / Contrôle annuel agréé.
- Changement des manchons au moins une fois par an, lavage complet matin et soir.
- Bonnes pratiques de traite (absence de surtraite, maîtrise des entrées d’air).
- Utilisation de matériel d'injection à usage unique (désinfection soignée du matériel de bouclage).
- Limiter les fatigues articulaires (conditions de logement des animaux).